Les indiens Kogis, peuple tisserand

Les Kogis sont un peuple amérindien de Colombie. Ils ont développé leur propre philosophie. Leur vision du monde et de ses lois est bien éloignée de notre société occidentale mercantile.

Eric Julien a eu l’immense privilège d’être sauvé d’un œdème pulmonaire par les Kogis. A leur contact, il a étudié leur façon d’appréhender la vie et les relations entre les êtres vivants et la Terre. En revenant en France, il a fondé l’association Tchendukua. Cette organisation contribue à la restitution des terres ancestrales au profit des peuples de la Sierra Nevada de Santa Marta dans le nord de la Colombie.

Dans son livre Le chemin des neuf mondes, il a notamment écrit ces quelques phrases qui m’ont touchée en plein cœur :

Le métier à tisser incarne le monde.
Il rend l’ordre pensable en offrant une forme aux possibilités. Regarder ou utiliser un métier à tisser, c’est entrer en interaction avec l’univers et les forces cosmiques qui l’animent.
Les Kogis disent que tisser, c’est « penser, c’est mettre les choses en accord les unes avec les autres… »
Tisser pour les Kogis revient donc à construire sa vie dans le cadre d’un ensemble de relations qui permet d’enrouler les pensées et d’être enveloppé dans la sagesse de la vie comme on s’enroule dans un tissu. »
Je tisserai l’étoffe de ma vie, je la tisserai blanche comme un nuage. J’y tisserai un peu de noir, j’y tisserai des épis sombres de maïs, quand le cœur pense, il tisse et les pensées forment une étoffe.

Création d’une filière laine dans la Double

Dans cet article, vous découvrirez comment notre projet de création d’une filière laine dans la Double a vu le jour.

Le troupeau tondu

La tonte

Thérèse et Pierre-Paul tondent le troupeau de brebis 2 fois par an, en avril et en octobre.
Notre expérience nous a incité à garder la récolte de la deuxième tonte, fibres de meilleure qualité. En effet, 400 brebis à tondre demandent une équipe de choc !

La toison, une fois triée, est mise directement dans un sac.

Le lavage

Après avoir trié les toisons, par qualité et couleur, nous
partons la faire laver en Ariège à la Filature de Niaux, entreprise artisanale, qui fait revivre cette ancienne filature créée en 1867.

Le cardage
Notre voyage n’est pas terminé, encore 4 heures de route, direction le Pays Basque pour arriver à Saare. L’entreprise Iletegia a fait l’acquisition d’une énorme cardeuse et depuis 2014, elle valorise la laine des brebis locales. Mais elle fabrique également des matelas, des couettes, coussins, et produits de décoration. 

C’est vrai que cela nous fait de jolies vacances, mais un peu coûteuses… d’où notre réflexion : pourquoi ne pas créer une petite filière laine dans La Double ?

Dans ce but, Thérèse fut alors mandatée pour chercher une cardeuse en Suisse.
Nous l’avons trouvée dans l’Emmental chez Evi et Werner Spycher.

La cardeuse professionnelle trouvée dans l’Emmental en Suisse.

Afin de réaliser notre rêve, nous avons mis en ligne une cagnotte participative afin de payer la machine et son transport. C’est avec joie que nous avons récolté 3000 euros grâce à une soixantaine de participants. Malheureusement, le problème n’est pas encore résolu.

Avec la crise sanitaire, la machine est bloquée en Suisse pour l’instant. Et le transport s’avère compliqué, mais Werner nous a proposé une solution.

L’aventure de création de notre filière laine continue…

Mon atelier

Mon atelier abrite 3 métiers à tisser, qui me permettent de naviguer de l’un à l’autre sur des projets différents. Ses nombreuses fenêtres lui donne une belle lumière et face au jardin, je trouve une des sources d’inspiration.

J’aime travailler les fibres brutes, épaisses et passer aux fils fins comme le lin ou la soie.

Valorisation de la laine dans La Double

Tapis exposé au Dorat à l’occasion du concours international de tonte de moutons (2019)

Depuis 2018, un projet de valorisation de la laine d’une bergère sans terre dans La Double a émergé.

Comment ne pas connaître Thérèse en habitant au cœur de la forêt de La Double ? Une bergère sans terre, menant son troupeau au gré des prairies mises à sa disposition. Elle gagne sa vie grâce à la vente de ses agneaux. Et pourquoi pas aller plus loin et se lancer dans la valorisation de sa laine ? Ce projet avait déjà germé avec Mathilde Grolleau, une feutrière, venue s’installer dans la région avec sa roulotte : de gros cocons feutrés, des tentures, des tapis poilus feutrés et couvertures… Malheureusement, ce projet s’arrête en bon chemin, car Mathilde part pour d’autres aventures.

Thérèse élève des brebis de race Sasi Ardia (brebis des broussailles), une ancienne variété du Pays Basque, race rustique adaptée au tout terrain et toutes saisons, qui sont toute l’année dehors. Elle n’ a pas de bergerie et transhume régulièrement. En plus des Sasi Ardia, elle possède et des Rouge de Roussillon croisées pour la viande.

Les caractéristiques de cette laine se situent dans la longueur des poils très longs (20 à 25 cm), laine plutôt rêche, contrairement à celle des agneaux, bouclée et très douce au toucher. Cette laine était utilisée autrefois pour la confection de matelas et vêtements dans le Pays Basque après avoir été cardée. C’est d’ailleurs un de nos projets.

C’est lors de nos différents partages, que j’eus l’idée de lui faire un prototype de tapis en tissant sa laine une fois filée. Notre projet d’un nouveau partenariat était lancé, Thérèse filant sa laine et moi créant des tapis sur chaîne en lin.

Pelotes de laine filées par Thérèse

Plusieurs tapis sont sortis du métier avec un motif – signature représentant « un pilou » écluse en bois que l’on trouve dans beaucoup d’étangs de La Double (le motif représenté ci-dessus) permettant de les vider en cas de besoin. Depuis l’été dernier, j’expérimente des teintures végétales pour personnaliser certains tapis, chacun étant différent.

Nous les exposons dans diverses manifestations de la région. Nous avons déjà expédié plusieurs commandes.